Expérience collective

Début 2019, le festival Longueur d’ondes nous avait permis d’organiser à Brest un atelier gratuit d’initiation à la prise de son binaurale. Feichter Audio fournissait pour l’occasion une dizaine de kits, comprenant un enregistreur stéréo de poche et un système M2.

L’objectif était de permettre à des professionnels de la radio de s’essayer à la captation personnelle. Après un temps commun de prise en main, les stagiaires disposaient du matériel, le temps du festival, sans autre consigne que de transposer leurs pratiques habituelles. Nous proposions de tester ce cadre simple : “ce que j’entends est ce que j’enregistre”. Avec le retour du matériel, un temps d’écoute et d’échanges concluait l’atelier.

L’intérêt des stagiaires pour l’expérience brestoise et les contacts noués à l’occasion incitaient à prolonger et à approfondir. Après réflexion, il semblait tentant de proposer un travail collectif, en résidence d’été, et d’expérimenter en binaural autour de la création radiophonique.

Convaincu, depuis l’aventure de l’été 1347, de l’intérêt du binaural pour raconter des histoires en vrai, le conseil municipal de la Roche-Jaudy (22) décide de jouer le jeu. L’équipe de réalisation a les coudées franches pour organiser 8 jours de résidence et travailler à sa guise sur le territoire du récent regroupement de communes.

La commune assure l’hébergement des stagiaire, fournit les repas et une salle de travail, Feichter Audio met à nouveau ses kits de prise de son à disposition et l’Agence du verbe assume l’encadrement. Le stage est totalement gratuit pour les participants. Sous l’œil bienveillant de Rozenn Nicol, qui marraine l’opération, ils sont une dizaine début juillet 2019.

Résidence

Pour l’échauffement : visite commentée du territoire sous la houlette de M. l’adjoint à la culture, écoute en aveugle dans les chemins creux, repérages et rencontres d’habitants, survol exhaustif des principes de la production binaural (l’essentiel de chaque étape) :

  • Comment marche le binaural ?
    • HRTF
    • Individualisation
    • Distorsions
  • Les règles de base
    • Posture (mobilité, bruits, présence active, voix perso, composition de la scène sonore)
    • Absence du multimodal à l’écoute, présence à la prise
    • Référence de l’oreille : dynamique, niveau d’écoute, parasites
    • Pas de monitoring
    • Protection anti-vent

et enfin, bonus : petite immersion dans le silence de la chambre anéchoïque des labos d’Orange à Lannion. L’occasion rare de découvrir le système de mesure dHRTF mis au point par Rozenn Nicol, Marc Emerit et Jérôme Daniel.

L’objectif de la résidence est de concocter un programme de type radiophonique, documentaire ou pas, collectivement ou par équipes. Pour cette première, toute l’organisation se discute ensemble sur une base simple : vivre ensemble huit jours, aller à la rencontre des habitants, les écouter, les enregistrer en binaural, monter de brefs sujets et assembler un programme, diffusé en public la semaine suivante.

La discrétion peut être totale pendant la prise de son, l’attitude vaguement mutique : chacun règle sa posture. La prise de son n’est pas monitorée par le preneur de son (ses oreilles sont occupées par les micros). Se contenter d’un coup d’œil au vu-mètre de l’enregistreur ou choisir de partir en binôme, l’un monitorant l’autre ? Les deux solutions fonctionnent, selon les cas. L’absence de micro visible établit une relation particulière avec celui qui parle. La position du preneur de son règle la scène sonore, la position et la “taille” du locuteur.

Chacun est venu avec son ordinateur : Mac, PC, Linux… Pour échanger les sessions de travail, Reaper met tout le monde d’accord. Mais toute l’équipe utilise, au moins en partie, le même modèle de casque, pour disposer d’une référence commune.

A l’issue du stage, la production est proposée en écoute publique dans une salle équipée de 120 casques. Après quoi, les séquences sont disponibles en ligne depuis la carte interactive de la Récolte, initiée par L’Image Qui Parle.

Bilan

A suivre…

Louper son bac à 0,05 points, de Mélanie Yvon, Hélène Carbonel et Sabine Cros
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